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Lettres Russes

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N°60 (BILINGUE), juin 2025 

Introduction par Irène Sokologorsky

Le nouveau prix littéraire Dar, par Maria-Luisa Bonaque

Valeri LEBEDINSKI. - Douloureuse participation

Pavel SALO. - La rencontre

Mikhaïl VELLER. - Le peuple et la foule

Assia KRAVTCHENKO. - Une nouvelle version du monde

Iouri FELZEN. - Un leurre

Dmitri VEDENIAPINE. - Poèmes 

Vera PAVLOVA. - Poèmes contre la guerre

 

Le nouveau numéro de Lettres russes s’ouvre par un texte du plus grand intérêt.

 

Les horreurs qui ont marqué à différents moments la réalité soviétique − persécutions, arrestations, hôpitaux psychiatriques et Goulag − sont aujourd’hui bien connues, nombre d’auteurs en ayant souvent été victimes eux-mêmes les ont abondamment données à voir.

 

D’autres, souvent plus jeunes et qui n’ont été personnellement que moins concernés, se montrent eux aussi soucieux de garder cette réalité présente à nos mémoires ; « Il reste de moins en moins de survivants parmi les victimes du Goulag, et nous devons faire le maximum pour faire connaître cette période qui s’éloigne. Les générations qui n’ont pas connu Staline ignorent l’enfer que c’était, et on peut facilement leur faire croire n’importe quoi, leur dire par exemple qu’à l’époque de Staline « c’était mieux ». Moi, j’ai connu cette époque, c’était un enfer. Il n’y avait pas une famille qui pouvait dormir tranquille. À tout moment on pouvait venir vous chercher et vous emprisonner ! » a notamment écrit Valeri Lebedinski en 2018 dans le livre d’or du Mémorial du Goulag,

 

L’écrivain est d’ailleurs l’un de ceux qui sont animés par cette volonté de poursuivre le témoignage, et le thème du Goulag et de la période stalinienne tient une grande place dans son œuvre.

 

Le lecteur de Lettres russes a pu lire son roman Révolte rue Soljenitsyne dans lequel, alliant étroitement fiction et témoignage, l’auteur, tout en nous faisant découvrir, dans le détail et d’une manière parfaitement documentée, plusieurs épisodes particulièrement violents de la persécution dont a été victime Alexandre Soljenitsyne, braque essentiellement le regard sur un exécutant de cette répression, un brillant et séduisant colonel du KGB, dont il nous fait suivre le parcours, montrant la façon dont un naïf et généreux membre du komsomol en vient à être enrôlé dans la machine répressive en ayant le conviction profonde de défendre les valeurs de la révolution.

 

Dans ses mémoires l’auteur revient sur le sujet, mais d’une manière tout à fait différente. Cette fois ce ne sont pas tant les faits de la persécution et des brimades qui sont montrés, mais la perception qu’en a un enfant d’une dizaine d’années qui s’y trouve brutalement confronté. Est dépeinte également la détermination absolue, pouvant conduire jusqu’à la violence, avec laquelle les parents lui imposent silence sur la scène qu’il a surprise ainsi que les efforts qu’ils font, non seulement pour le tenir dans l’ignorance de ce qui se passe, mais pour essayer de lui faire percevoir le personnage de Staline comme bon et généreux.

 

Au-delà du témoignage, est ainsi offert au lecteur le portrait d’une génération d’enfants soviétiques d’un milieu intellectuel moyen nés juste avant ou dans les premières années de la guerre (V. Lebedinski est né en 1940), ayant appris à déchiffrer les lettres et à lire ses premiers mots sur des affiches célébrant Staline ; génération que l’auteur définit comme étant de loin celle « qui a été le plus aveuglée par le nom et par le culte de Staline ».

 

Poursuivant notre effort pour faire découvrir des auteurs non russes, nous présentons aujourd’hui une courte nouvelle de Pavel Salo, prosateur et poète ukrainien, écrivant en ukrainien et en russe, mais vivant à Moscou et étant membre de l’Union des écrivains russes.

 

Comme nos lecteurs le savent déjà (cf. n° 58), Mikhaïl Veller est l’un des prosateurs les plus talentueux qui, au tournant de années 2010 et 2020, abandonnant la fiction et le romanesque, se sont donné pour tâche d’analyser la réalité de leur pays et son histoire, l’homme russe et sa psychologie. « Féroce », « cruel » selon son éditeur, M. Veller n’hésite pas à forcer le trait et ses analyses ne manquent pas d’affirmations qui prêtent parfois le flanc à de justes critiques. Aujourd’hui cependant, à l’heure des grande bouleversements et reconsidérations que connaît le monde, ses diatribes peuvent utilement nous aider à réfléchir.

 

On sait la place qu’a tenu la littérature « pour enfants » ou présentée comme telle durant toute la période soviétique avec des auteurs comme Kornéï. Tchoukovski, Samouil Marchak... Cette veine ne tarie pas dans la Russie actuelle, la représentation d’un personnage d’adolescent et de ses aventures étant souvent une façon d’aborder des problèmes de la société ou de l’époque. En la personne d’Assia Kravtchenko, nous présentons aujourd’hui un auteur que sa formation habilite tout particulièrement à s’y consacrer.

 

En France, la littérature de langue russe se heurte aujourd’hui de la part des éditeurs à une prudence que l’on peut comprendre, aussi un certain nombre de traductions achevées attendent dans des tiroirs. Avec l’aimable autorisation des responsables des éditions que nous remercions d’avance, nous allons nous attacher à présenter en avant-première un certain nombre de ces textes en espérant éveiller un intérêt pour leurs auteurs. C’est ainsi que nous sommes reconnaissants aux éditions Circé qui nous nous ont permis de vous faire découvrir aujourd’hui un ouvrage de Iouri Felzen qu’a traduit et que présente Marianne Gourg-Antuszewicz.

 

Pour ce qui est de la poésie, elle est non seulement aussi présente aujourd’hui en Russie qu’en URSS, mais elle connaît dans les dernières années une floraison nouvelle, tant chez les écrivains restés en Russie que chez ceux qui ont quitté leur pays. Nous avons choisi de vous présenter aujourd’hui deux auteurs qui illustrent l’extrême diversité des voix poétiques qui s’élèvent. Tandis que Vera Pavlova a pour thème essentiel la guerre, Dimitri Vedeniapine, lui, nous emmène avec talent et sensibilité dans des univers oniriques qui sont à décrypter.

 

NB. Dans l’analyse magistrale de l’œuvre de Victor Tsoï que vous avez pu lire dans notre numéro 59, Joël Bastenaire a fait état de la popularité actuelle du chanteur compositeur. J’ai plaisir à signaler que le titre du premier film qui a été projeté lors du Festival du cinéma russe de Paris et d’Ile de France de cette année, l’œuvre de Maksim Arbougaev et de Vladimir Mounkouïev, cinéastes yakoutes, L’été va se terminer « Kончится лето», est emprunté à une chanson de Victor Tsoï.

 

Bonne lecture !

 

Comme vous avez pu le constater, notre revue vient de changer de nom pour s’appeler désormais Lettres Russophones. Dans le contexte actuel, nous tenons plus que jamais à souligner que nous publions tous les auteurs de langue russe, quels que soient leurs origines et leur pays d’appartenance ou d’exil.

 

 

Reportez-vous au site de LRS < http://www.lettres-russes.fr> (onglet « Sommaires des numéros de la revue ») pour connaître la disponibilité des numéros (papier) et en passer commande (onglet « Abonnement »).

 

Facebook Littérature russophone et traduction : <https://www.facebook.com/lettres.russophones>. 

Nous contacter : lettres.russes@yahoo.fr

 

 

 

Irène Sokologorsky